NUISETTE CÉLESTE
“La tendresse est une délicatesse en dentelle”
Christophe Flubacher
Longue ou courte, satine ou viscose, décolletée ou échancrée, de soie ou de dentelle, irisée ou fond de robe, unie ou tie & dye, dos croisé ou bonnets doubles, col en V ou cache-cœur, Need more sleep ou Time to glow, à rayures ou à nouer, jacquard ou fleurie… la nuisette à son tour passe sous le rouleau de la presse. Et là, stupeur et enchantement, la compression n’a pas altéré ses atouts de charme, elle les a exprimés, ils se sont dilatés en plis veloutés, ont épousé le mouvement d’une invisible chair qui leur a initié une chorégraphie du désir. Un simple vêtement délicatement froissé, frisson de fantasme qui souffle sur les dessous.
Libres de tout corps et de toute chair, les nuisettes stigmatiseront cruellement pour Serge Gainsbourg l’absence de Jane Birkin qui l’avait quitté en 1980, après douze ans de vie commune. En 1983, il lui compose Les dessous chics[1], une chanson sous forme d’autoportrait où se manifestent, rapportera le journal Le Monde, « les blessures de Serge sur fond de lingerie féminine[2]. » Pour Jane, qui interprétera la chanson, « cela paraît terrible de chanter des blessures que vous savez avoir inspirées. Derrière la vitre du studio, il n'y avait qu'une chose à faire, chanter aussi haut que possible, quitte à se casser la voix, pour que Serge pleure non pas du malheur mais de la beauté de l'affaire[3]. »
Parce que Pierre Zufferey est féru de musique, parce qu’il est aussi parolier, compositeur et interprète, nous savons qu’avec la série des Dessous chics vus plus haut, Nuisette céleste se veut aussi un hommage rendu à Serge et à Jane, couple rêvé, célébré et admiré.